Assmats : où commence la Violence Educative Ordinaire

Alors que je n’avais pas encore reçu mon agrément, j’emmenais régulièrement Ptiloup dans une ludothèque de mon ancien village.
Là-bas, je croisais très souvent des assistantes maternelles, qui emmenaient les enfants qu’elles avaient en charge pour qu’ils se sociabilisent en jouant avec d’autres groupes d’enfants.

Une des toutes premières fois où j’y suis allée, je me rappelle que j’ai fais la connaissance de l’une d’entre elles. Je lui présente Ptiloup, et elle me présente les enfants qu’elle garde :
« Ca, c’est Mathéo et Ninon ! Là, c’est Tristan, la terreur ! Et elle, c’est Louna. Regardez-là : elle a 15 mois, et elle ne se met même pas debout ! Non mais franchement, vous vous rendez compte? ! Hein, Louna? Ma cocotte, faudrait te bouger un peu, parfois ! Elle n’est vraiment pas dégourdie, cette petite ! Et elle chouine, elle chouine… à longueur de journée… »

Je retranscris ses paroles, peut être les trouverez-vous choquantes… peut-être pas.
Personnellement, la V.E.O. me hérisse le poil.
En tout cas, cette assistante maternelle avait quatre agréments : quatre familles qui lui font entièrement confiance. D’autre part, je l’ai trouvé très affectueuse avec les enfants qu’elle accueillait.
Comme quoi, la maladresse n’est pas de la méchanceté !

Sûrement ne s’en rendait-elle même pas compte de sa maladresse !garde-enfant-assistante-maternelle

Autre exemple, cette fois ci à mon Relais d’Assistantes Maternelles, où je me rend régulièrement.
Comme très souvent, les jeunes enfants ont du mal à prêter leurs jouets, et certains les prennent des mains des autres.
Une assistante maternelle s’énerve : « Hugo ! Tu te prends pour qui?! Va au coin, espèce de petit capricieux ! » Les autres assistantes maternelles approuvent en hochant la tête.

Où commence la violence éducative ordinaire?
Dans ce genre de petites paroles blessantes?
Dans le fait de parler d’un enfant comme  s’il n’était pas là?
Dans les punitions, les fessées?
…Dans le fait de ne pas intervenir, lorsqu’on est témoin de tout cela (comme je le fais, lorsqu’un tel événement se produit devant mes yeux)?

En tant qu’assistantes maternelles, ne devrions-nous pas faire doublement attention? Nous ne sommes pas les mères de ces enfants, et pourtant, nous devons nous en occuper. Ils sont précieux, fragiles, mais surtout dépendants de nous, adultes. Cela ne devrait-il pas nous rendre plus humble?

Le hic, c’est, me semble-t-il, l’absence de formation sur la communication avec le jeune enfant (et, de manière plus générale, la communication non violente) : en effet, pour être assistante maternelle, il faut faire 120h de formation. Lors de cette formation, on aborde principalement des notions de sécurité et de normes (diététique, développement psychomoteur, etc.). Bien que ces modules soient indispensables, il me semble aberrant que l’on ne propose pas des ateliers (ou des formations continues?) pour éviter les humiliations et les punitions.

D’autre part, je pense que si les assistantes maternelles étaient moins isolées dans leurs pratiques quotidiennes, il y aurait moins de débordements. Je ne parle pas ici de la puéricultrice, qui peut faire des contrôles ponctuels. Je parle plutôt de sortes de groupes de paroles, ou des rencontres organisées pour que les assistantes maternelles puissent échanger en toute bienveillance.

Qu’en pensez-vous?

5 réflexions sur “Assmats : où commence la Violence Educative Ordinaire

  1. cécile dit :

    Même en tant que parents on ne fait pas forcément attention à ce genre de « petites » humiliations : geste brusque, soulever l’enfant du sol sans le prévenir, etc…c’est un de mes objectifs à venir : veiller beaucoup plus à cela avec ma fille. Son assistante maternelle y est très sensible mais elle est formé à la CNV, se forme constamment d’ailleurs à tout ce qui touche à la bienveillance, le développement de l’enfant et c’est pour cela qu’on l’a choisie. Je crois qu’on ne fait vraiment pas attention à cela, que ce soit avec les enfants ou les personnes âgées d’ailleurs…

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    • Merci beaucoup pour votre commentaire, qui me permet de découvrir votre blog 😀 J’ai adoré votre article (d’ailleurs, je ne sais pas si vous comptez le publier, mais j’aimerais beaucoup entendre votre avis sur les médias, comme vous en parlez rapidement en début de votre article)
      Oui, je pense que, tout comme les parents, il y a de tout en tant qu’assistantes maternelles !
      Mais je me dis aussi que nous qui essayons de faire reconnaître notre métier, nous devons agir comme des professionnelles : nous (in)former, nous remettre en question, etc. Nous n’avons pas, et ne devons pas avoir, la même relation, le même comportement, envers nos propres enfants et ceux qu’on accueille.
      Par exemple, je me permet des choses avec mon fils que je ne me permet pas avec les enfants que j’accueille (par exemple, très rarement, la télévision…)
      Reste à trouver les ressources nécessaires et les lieux de formation pour changer tout cela !

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  2. Maman BABI-B dit :

    Merci à vous !
    L’article sur les médias n’était pas prévu rapidement parce que même si c’est un sujet très intéressant, l’analyse de ses rouages est assez complexe. Ma difficulté serait de réussir à vulgariser suffisamment pour que ce soit compréhensible. Mais votre intérêt m’encourage, je vais donc m’y coller ! 😉

    Je me tente du bout du pied à entrer sur ce terrain de discussion : pour avoir rencontré quelques assmats, j’ai trouvé que celles qui avaient leur agrément depuis peu de temps, étaient plus au fait de « bonnes pratiques professionnelles » – projet d’accueil, bienveillance,…
    Alors que pour les autres, il y avait comme un certain « relâchement » – dans le sens où ça ressemblait plus à un « accueil à ma sauce »… je ne sais pas comment dire. La plupart était plutôt douce et accueillante, mais la façon de faire au quotidien manquait de professionnalisme.
    D’ailleurs la majorité de celles-ci m’ont dit « je ne fais pas de différence entre mes enfants et ceux que je garde ». C’était sans doute censé me rassurer mais ça m’a plutôt choqué.
    Je pense qu’il est important au contraire de faire une différence.
    L’enfant accueilli doit – dans la mesure du possible – se conformer à des règles quelques peu différentes de celles posées à la maison, mais il me semble que si parents et assmat sont sur la même longueur d’onde à ce sujet, ça ne pose pas de problème du coup. Par contre, et comme vous le disiez, il y a des choses que l’on peut se permettre avec nos enfants, que nous ne devons pas nous permettre avec les enfants accueillis. Et cette différence est très importante !

    Pour ce qui est des ressources et des lieux de formation, il en existe mais c’est un budget, et surtout cela part souvent d’une démarche personnelle. Il faut donc en avoir entendu parlé d’abord…
    A un moment donné, il faudra sans doute faire beaucoup de bruits, à coup de pétitions et d’excitation des réseaux sociaux pour tenter d’intégrer des modules de formations/découverte à « l’accueil bienveillant et positif » pour les assmats (entre autre) 🙂

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